Le Matin – 12/2003
1. Que pouvez- vous nous dire sur le mouvement associatif au Maroc durant l’année 2003 ?
Le mouvement associatif a été particulièrement dynamique en 2003 que ce soit dans le domaine du plaidoyer, de l’action caritative ou sociale ou du développement. Les actions sont trop nombreuses et diverses pour être toutes énumérées ici ; citons seulement quelques exemples la mobilisation pour la défense des musiciens dits «sataniques», l’action des associations féminines qui luttent pour les droits des femmes récompensée par la décision de Sa Majesté le Roi Mohamed VI de réformer la moudawana, le mouvement qui a suivi les attentats du 16 mai en faveur de la tolérance, de la modernité et pour une lecture éclairée de l’Islam, la lutte contra la corruption etc. Dans le domaine social, jamais les associations n’ont été aussi actives, qu’il s’agisse de protection des enfants, d’alphabétisation, de micro-crédit ou de développement d’activités génératrices de revenu ou qu’il s’agisse d’aide aux plus démunis, sans oublier les nombreuses associations qui travaillent dans le domaine de la santé et la protection de l’environnement.
Certes le mouvement associatif existe depuis de nombreuses années, mais il a acquis aujourd’hui une ampleur et une crédibilité telles qu’il est devenu un partenaire essentiel dans la lutte pour le développement
2/ Quelle évaluation pouvez- vous faire à votre travail au sein de l’association Afak durant l’année 2003 ?
Il faut tout d’abord rappeler que l’association AFAK a choisi de s’investir depuis sa création dans l’éducation à la citoyenneté, la promotion du civisme et de la démocratie sans lesquels notre pays ne peut espérer connaître un réel développement. Cela veut dire faire prendre conscience à chacun que son comportement quotidien a des répercussions sur son environnement, au sens le plus large du terme, c’est-à-dire administratif, culturel, économique et naturel. C’est un travail sans cesse à recommencer, même dans les pays dont le niveau d’éducation est supérieur au nôtre. Cependant il existe un début de prise de conscience, même s’il ne se traduit pas encore de manière très visible dans la vie quotidienne.
Nous avons fait pratiquer une étude d’impact par Créargie, société spécialisée dans les sondages d’opinion. L’enquête qui a duré du 2 au 8 août et a eu lieu à Casablanca, Rabat, Salé, Fès et Marrakech, devait essentiellement mesurer l’appréciation portée par le public sur nos programmes radiophoniques.
Elle a montré entre autres que 78% des personnes interrogées ayant remarqué nos messages déclarent que nos campagnes de sensibilisation sont convaincantes et que 60% affirment qu’elles influent sur leur comportement.
Enfin 38,3% de ces personnes estiment que le parrain de nos campagnes participe au développement
Cette étude confirme les témoignages d’appréciation et d’encouragement que nous recevons régulièrement de la part du public, des médias et des autres ONG et constitue un encouragement à poursuivre notre action, compte tenu du déficit considérable dans ce domaine.
3/ Quels sont les plus grands projets sur lesquels vous avez travaillé durant cette année et que vous avez réalisé ?
Parallèlement à notre programme radiophonique d‘éducation à la citoyenneté, AFAK a mené 4 campagnes au cours de l’année 2003 :
– Une campagne multimédia à l’occasion des élections communales destinée à faire prendre conscience aux citoyens de l’importance du scrutin et de la nécessité de leur participation à ce devoir civique. Elle a comporté des messages radiophoniques sur Médi I et Radio FM-Casablanca, la publication d’une annonce presse (grâce au soutien de la presse écrite), la distribution de 10 000 affiches dans les bureaux de poste et dans les entreprises (grâce au soutien de Barid El Maghrib, la CGEM et la GPBM …)
– AFAK a également collaboré avec le Ministère de l’Emploi et le BIT (Bureau International du Travail) au Programme de lutte contre les travaux dangereux des enfants par une campagne de sensibilisation des différents intervenants, principalement les enfants, les parents et les employeurs sur les risques auxquels ceux-ci sont exposés et les conséquences sur leur développement physique et moral.
Nous avons conçu et diffusé des messages radiophoniques sur Médi I et Radio FM-Casablanca, ainsi qu’une annonce presse publiée grâce au soutien de la presse écrite ; nous avons aussi réalisé 2 000 cassettes audio et 5 000 affiches de sensibilisation destinées aux associations.
– En partenariat avec la Société de Gestion de la Loterie Nationale, les médias nationaux et l’agence Impact communication nous avons mené une campagne multimédia intitulée «Faisons avancer le Maroc» destinée à mobiliser toutes les énergies en faveur du progrès et de la tolérance et pour le renforcement du processus démocratique.
– Enfin, avec le soutien de la Régie des Tabacs, AFAK a entrepris une campagne «Méfions-nous des produits de contrebande» destinée à sensibiliser le grand public aux risques qu’entraîne la consommation des produits de contrebande pour la santé du citoyen et l’économie du pays. Cette campagne a comporté des messages radiophoniques diffusés sur Médi I et des messages télévisés diffusés sur TVM et sur 2M durant le mois de Ramadan, un affichage urbain à Casablanca, Fès, Tanger et Tétouan, 10 000 affiches dans les entreprises et les lieux publics, ainsi que des pages annonces dans la presse écrite.
4/ Quels sont vont projets pour l’année 2004 ?
Tout d’abord, nous allons poursuivre notre programme radiophonique d’éducation à la citoyenneté. Il sera orienté selon 3 axes : le renforcement de la démocratie locale, la citoyenneté
condition essentielle de la démocratie et du développement, et le développement d’une culture de la tolérance et de l’ouverture d’esprit. Notre souhait serait de l’étendre à la télévision, dont l’impact est très fort auprès de la population, mais dont le coût est aussi beaucoup plus élevé. Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore pu réunir les moyens nécessaires.
Avec l’agence « Viva Casablanca », nous projetons de réaliser un guide pratique qui recensera les 100 questions que se pose le citoyen dans ses relations courantes avec l’administration et les services publics (définitions des besoins, identifications des instances concernées et des démarches nécessaires…).
Toujours dans le cadre du renforcement de la démocratie locale, nous envisageons de créer un « Palmarès des villes » qui consistera en une évaluation périodique de la satisfaction des citoyens dans les principales villes du Royaume à travers un sondage d’opinion selon des critères quantitatifs et qualitatifs. L’objectif de ce palmarès est de rendre hommage aux efforts entrepris par certaines villes et encourager les actions d’embellissement et de propreté d’une part et d’autre part de créer une émulation entre les communes et les inciter à mieux satisfaire les attentes des citoyens.
2Enfin, nous envisageons d’organiser, un concours pour la promotion de la tolérance, intitulé «Dima dima Attassamouh», entre les élèves des établissements scolaires des Académies de l’Education Nationale de Casablanca, Rabat, Laâyoune, Kénitra et Settat. Les établissements qui auront choisi de participer au concours dans le cadre de leurs activités parascolaires réaliseront des pièces de théâtre sur le thème de la tolérance, à partir d’un petit livre réalisé par Sonia Ouajjou, et les meilleures se verront récompensées par un prix.
S’il est vrai qu’il n’y a pas de développement sans démocratie, il ne peut y avoir de démocratie sans véritables citoyens. Or on ne naît pas citoyen, on apprend à le devenir par l’éducation. Celle ci est l’affaire de tous. Notre association s’efforce d’y contribuer et de promouvoir une culture de dialogue, de tolérance, d’acceptation des différences culturelles, de conviction, de sexe et de génération.